14.000 suiveurs sur Facebook, propriétaire d’un magasin éphémère et participant à un grand nombre d’événements en France et Belgique. Arnauld Delheille est un jeune loup prometteur.
En octobre, Arnauld Delheille a ouvert son magasin éphémère — Atelier Arnauld Delheille — à Bois-de-Villers, un village de la commune de Profondeville en province de Namur. Située sur un méandre de la Meuse, Profondeville est célèbre pour son restaurant deux étoiles L’Eau vive. Arnauld, qui est originaire de Spa, habite à Profondeville depuis quatre ans. En attendant que son magasin soit fin prêt pour l’inauguration, Arnaud a ouvert ce magasin éphémère et le succès ne s’est pas fait attendre !
Quand prévoyez-vous d’emménager dans votre nouveau magasin ?
« Nous l’ignorons encore. Le bâtiment est encore en construction et on ne sait pas quand il sera terminé », explique Arnauld. Il ne semble pas très préoccupé.
Le magasin éphémère qu’il a ouvert il y a quelques mois semble en effet le combler. Tout roule comme sur des roulettes et Arnaud est déjà parvenu, sur une si courte période, à se constituer une belle clientèle fidèle. Nous avons cherché à savoir quel secret se cache derrière ce succès. Le bâtiment, qui abritait auparavant un magasin de vêtements, se situe le long d’une voie de pénétration très fréquentée. Arnauld a son propre parking, mais peut aussi profiter du vaste espace de parking du magasin Delhaize voisin.
DES MURS AUSSI DOUX QUE LE VELOURS
Le magasin, qui est en réalité un atelier, est très sobre. L’élément qui saute directement aux yeux lorsque l’on franchit la porte d’entrée est le mur de couleur sable. Son aspect est très doux et agréable. « Vous faites exactement ce que tout le monde fait en rentrant ici la première fois : toucher le mur ! », explique Arnauld. Les murs sont recouverts d’Argibat, une sorte de plâtre à base d’argile.
Le matériau de plafonnage est composé d’argile pure, de sable et de paille hachée menue et colorée avec des pigments naturels. Les murs donnent à l’espace un rayonnement naturellement chaud, un peu comme dans un intérieur méditerranéen. Les compositions florales et l’assortiment de fleurs coupées sont exposés sur de grands cubes qui sont régulièrement repeints dans un autre ton. « Je voulais un local totalement neutre. Le prochain magasin aura un aspect tout à fait différent. Au printemps, nous nous occuperons de l’espace extérieur ».
Nous ne voyons que des fleurs et des plantes, pas d’articles de décoration.
« Je suis fleuriste et je vends des fleurs et des plantes. C’est l’essence du métier. Lorsque je travaillais chez Ortos à Liège, j’ai appris à aimer les fleurs. Cet amour des fleurs, je le tiens aussi de ma mère. Elle achète souvent des fleurs. Chaque semaine, nous repartons de zéro. Aucun vase et aucun pot ne restent ici pendant deux mois. C’est le commerce de gros qui détermine ce que nous avons en magasin chaque semaine, de la composition des bouquets jusqu’à l’étalage en passant par le choix des couleurs et les montages floraux ».
Comment avez-vous commencé ? D’où vient votre passion pour le métier de fleuriste ?
« Cette passion me vient essentiellement de ma mère qui adore les fleurs. À la maison, nous avions toujours des fleurs. J’ai une soeur jumelle, Stéphanie. Nous avons fait toutes nos études ensemble et nous avons suivi la même formation à l’IPEA de La Reid, à Liège. Nous avons grandi ensemble, étudié ensemble et évolué ensemble, mais nous avons chacun notre spécialité. Ma soeur s’est spécialisée dans les bouquets et moi, dans les compositions. Après mes études, j’ai eu la chance de pouvoir travailler directement chez Ortos à Liège. J’y suis resté sept ans jusqu’à l’année dernière ».
On vous considère comme un jeune loup !
(rires) « Je participe à un grand nombre d’événements. La semaine prochaine, je me rends à Liège où je vais travailler à l’Opéra au profit d’une association d’enfants malades. Je le fais bénévolement. Pour moi, il est important de participer à de tels projets. Tout ne tourne pas autour de l’argent. J’aime ce que je fais ».
Quels sont les avantages d’un magasin éphémère ? Estce plus intéressant qu’un magasin traditionnel ?
« Le magasin éphémère me permet de me constituer une clientèle avant même l’inauguration officielle de mon magasin traditionnel. Je peux ainsi tester l’endroit sans être tenu par des engagements. Nous n’avons pas mis la barre trop haute ».
Avez-vous piqué la curiosité des gens dès le début ?
« Effectivement. Plusieurs personnes ont été surprises et ont posé des questions. Le magasin éphémère a éveillé la curiosité ».
Le lieu est-il approprié ?
« Le lieu est parfait. Nous avons également l’avantage de pouvoir disposer d’un parking. Lorsque vous ouvrez un magasin aujourd’hui, vous ne devez jamais perdre de vue qu’il faut un parking. Ici, nous avons démarré sur les chapeaux de roues. Après trois mois, nous avions déjà une clientèle fidèle. De plus, nous collaborons avec des restaurants de la région et des personnes du voisinage. En quelques semaines, nous avons déjà huit mariages à notre actif. Je pense que ce village avait un réel besoin de fleuriste. Ici, nous sommes les seuls. Et dans le village voisin, il n’y a qu’un seul fleuriste. Ma jeunesse et ma volonté de réussir ont bien sûr aussi joué un rôle, je pense. La présence sur les médias sociaux est aussi importante pour attirer la clientèle. Il n’y a pas que les jeunes qui nous suivent sur les réseaux sociaux. Nous comptons parmi nos adeptes aussi un public plus âgé ».
Pourquoi avoir choisi le nom « Atelier Arnauld Delheille » ?
« L’atelier est l’endroit où je me sens bien. Je veux donner aux clients l’impression que je les accueille chez moi. L’atelier est aussi une référence aux formations que je donne. Si un jour je devais céder le magasin, il suffirait de changer le nom derrière le mot “Atelier”. Le magasin porte mon nom parce qu’il s’agit de mon identité. Je suis toujours au magasin et je sers moi-même les clients. Si je paie quelqu’un pour garder le magasin, ce n’est plus la même chose ; ce n’est plus Arnauld. Tout ce qui est présenté ici respire Arnauld. Je ne voudrais pas qu’il en soit autrement ».
14.000 followers et des photos de profil originales: “Facebook me donne beaucoup de travail”
Arnauld Delheille investit beaucoup de temps sur Facebook.
Vous misez essentiellement sur Facebook et vous y êtes très présent visuellement. Pourquoi ?
Arnauld Delheille : « Facebook est très important pour moi. Je suis suivi par plus de 14 000 personnes. Chaque jour, je place un post pour montrer ce qui se passe et ce que je vends. Cela fonctionne très bien et j’enregistre un grand nombre de commandes par cette voie qui me viennent non seulement du voisinage, mais aussi de beaucoup plus loin. J’annonce aussi sur ma page ce que j’achète chaque semaine chez Agora. Chacun peut ainsi voir quels seront les tons et les couleurs de mes bouquets de la semaine. Il y a toujours des compositions blanches et des compositions colorées. Je les réalise en me basant sur ce que je trouve sur le marché. Elles changent sans cesse ».
Sur votre page, vous publiez beaucoup de photos de vousmême avec des fleurs dans les cheveux. Quelle en est la raison ?
« Je trouve cela amusant et je m’attire de nombreuses réactions agréables. C’est une façon d’établir un lien entre mon travail et mon image. Cela fonctionne très bien ».
C’est important pour vous de connaître le nombre de personnes qui vous suivent ?
« Indispensable, car c’est la base de mon travail. Mes suiveurs me donnent beaucoup de travail. C’est grâce aux médias sociaux que je donne des formations en France et que j’organise des ateliers en divers endroits. Les médias sociaux m’ont aussi permis d’accueillir de nombreux apprentis. Deux fois par semaine, je tiens un atelier. Le thème est à chaque fois différent. À ce jour, j’ai une liste d’attente de 60 personnes. Dix personnes par soir au maximum peuvent suivre l’atelier. Même comme ça, je dois courir en tous sens ».
Textes: Ingrid Allaerts
Photografie: Joris Luyten