Il Giardino! C’est ainsi que Luc Poel a baptisé son magasin dans la sympathique ville de Diest. Installé dans une ancienne banque, ce magasin vous propose des bouquets liés à la main, des idées pour vos décorations d’intérieur et des conseils pour un aménagement total. Vous n’avez pas de projet de décoration intérieure ? Rien ne vous empêche d’entrer dans le magasin et de prendre une consommation au bar, sur la terrasse ou dans l’espace lounge. Le joyau de l’immeuble, c’est l’authentique salle des coffres dans la cave.
Luc Poel n’est pas un inconnu dans le monde floral. Tout le monde se souvient encore de l’émission de télévision hebdomadaire « Boeketje Vlaanderen », à la fin des années 80, où Luc Poel collaborait en présentant ses bouquets. Avant cela, il s’était associé à un photographe free-lance pour lancer le magasin de fleurs Amadeus, à Louvain, ce qui relevait un peu de la gageure, car Luc est aussi inspecteur auprès de la société flamande des eaux (Vlaamse Waterhuismaatschappij). Alors pourquoi les fleurs ? “Les fleurs m’ont toujours attiré. Quand j’étais enfant, j’adorais les cueillir. Par contre, je n’ai jamais suivi de formation dans ce domaine”.
Les choses n’ont commencé à rouler vraiment que lorsqu’il a ouvert son propre magasin de fleurs à Diest, en 1988, à quelques mètres de l’actuel magasin. “Je réalisais des bouquets liés à la main avec des fleurs des champs. Cela ne s’était jamais vu à l’époque et tous les magazines se sont directement tournés vers moi. Femmes d’aujourd’hui et Flair, par exemple. À l’époque, les clients faisaient le déplacement de Louvain ou de Bruxelles pour acheter mes bouquets. En 1990, j’ai eu l’occasion d’acheter l’immeuble voisin. En tant que pionniers, nous avons conçu un concept store en aménageant une maison complète. De la cuisine au living, en passant par la salle de bains et la chambre à coucher, chaque pièce a été aménagée avec des objets d’intérieur et des articles cadeaux. Un grand battage publicitaire a eu lieu autour de ce projet qui a connu un énorme succès”, se souvient Luc.
Banque
En 2005, Luc et son commerce ont déménagé pour s’installer dans le prestigieux bâtiment de l’ancienne « Banque centrale de la Dyle » dans la rue Roi Albert, à Diest. Il garda le nom «Il Giardino» par référence aux riches jardins italiens. Luc ne voulait d’ailleurs ni un nom banal, tel qu’Anémone, ni un nom à consonance francophone.
La façade du bâtiment frappe directement aux yeux. Il s’agit de l’un des plus beaux édifices de la rue commerçante. De style néoclassique, l’immeuble a été conçu en 1923 par l’architecte L. De Vooght, célèbre pour ses édifices religieux. L’immeuble se compose de trois niveaux de construction sous un toit en bâtière. Les grilles au rez-de-chaussée sont d’origine.
“À l’époque, nous avons commencé comme magasin de fleurs, mais par la suite, nous avons étendu l’activité pour en faire un magasin polyvalent de décoration intérieure. Nous disposons ici d’espace suffisant pour présenter des meubles, des accessoires et des meubles d’art. Cinq ans plus tard, nous y avons également aménagé un lounge bar. Tout le monde — client ou passant — peut venir ici et prendre une consommation”.
Avez-vous dû effectuer de nombreuses transformations ?
“Nous avons démoli les guichets d’origine pour former l’actuel bar. Le bureau du directeur de banque et la salle d’attente qui se trouvaient à l’avant ont été aménagés en espace lounge. Tous les meubles, éléments d’éclairage, accessoires et œuvres d’art que vous voyez ici sont à vendre. À l’arrière, nous avons réalisé une grande baie vitrée pour faire entrer la lumière et avoir un accès vers la terrasse extérieure”. Quel veinard, ce Luc : il a même trouvé une grande porte métallique datant de la même époque que la rampe d’escalier qui conduit à la cave, donnant ainsi l’impression que la fenêtre et la porte sont d’origine.
Le coin réservé aux fleurs contient un assortiment limité de fleurs coupées. Luc n’a pas de chambre frigorifique. Il préfère se rendre trois fois par semaine chez le grossiste local pour y acheter des fleurs fraîches. De même, il ne travaille pas avec des bouquets tout faits. Tout est fait sur place au moment requis. Sa table de travail est régulièrement transformée en comptoir sur lequel sont exposés les buffets lorsque l’immeuble est loué pour des festivités. La terrasse extérieure est entièrement garnie de parasols, de tables et d’une cuisine extérieure. Le luminaire extérieur de Fatboy attire tous les regards : il est suspendu ici sous un grand parasol, mais rien n’empêche de l’accrocher dans un arbre. Le midi, on sert ici de la petite restauration et du potage, tandis que le soir, les visiteurs peuvent siroter un cocktail accompagné d’une assiette de tapas.
Le joyau de cet ancien édifie bancaire est toutefois l’authentique salle des coffres dans la cave. Réalisée par la célèbre firme Fichet de Paris, cette salle des coffres est protégée par une porte blindée de 35 cm d’épaisseur derrière laquelle se trouve une deuxième porte formée de barreaux. La salle compte 586 coffres numérotés, disposés par ordre croissant en fonction de la taille du trésor à y dissimuler. En voyant cet espace, mon cerveau s’est emballé et des dizaines de questions me sont directement venues à l’esprit : qu’est-ce qui a bien pu se dérouler dans cette pièce ? Y a-t-il eu en son temps des attaques à main armée ? A-t-on creusé un tunnel à partir de la maison voisine ? Luc, lui, est resté bien plus serein. Mais une question me brûle les lèvres et je ne peux m’empêcher de lui demander s’il lui est arrivé de trouver des lingots d’or ou quelques billets de banque oubliés. “Malheureusement pas”, me répond Luc, “mais je suis certain qu’il y a eu beaucoup d’argent ici, car dans le temps, Diest était une riche commune bourgeoise. Cette salle a déjà été utilisée comme décor de film. Gaston et Leo y ont également joué un sketch”.
La salle des coffres a été aménagée en tant que confortable coin salon, équipée d’un projecteur et d’un grand écran. L’espace est parfois loué à des entreprises à des fins de présentations. “Nous sommes en outre officiellement agréés en tant que galerie d’art. Nous nous adressons aux artistes et nous organisons des vernissages. Les kimonos japonais traditionnels que vous voyez sur les murs, nous les avons achetés récemment lors d’une exposition. Il n’est pas nécessaire de toujours tendre une toile. Ces kimonos, par exemple, sont très décoratifs. Nous recherchons surtout des objets d’art appropriés qui sont uniques et financièrement accessibles”.
Concept
Les fleurs sont restées chez Il Giardino, mais un peu en retrait, l’accent étant mis davantage sur la décoration d’intérieur et l’aménagement total. Les projets d’intérieur sont tantôt sobres, tantôt éclectiques. Actuellement, Luc travaille à un projet dans le style Long Island. Il élabore une proposition, fait un planning de travail, notamment avec des sous-traitants, et apporte la touche finale. Heureusement, il peut compter sur une clientèle fidèle qui le suit depuis des années. « Les mentalités ont changé », explique Luc. “Le budget Fleurs des clients s’est réduit, de même que leur budget Abords extérieurs, car ils recherchent un jardin nécessitant peu d’entretien. À plusieurs reprises, les clients ont cependant formulé le désir de pouvoir consommer quelque chose dans ce bel immeuble et c’est ce qui m’a poussé à aménager ce bar et cet espace lounge”.