Il a 30 ans, fourmille d’inspiration et d’idées, mais n’est pas encore prêt à se poser définitivement et à se projeter trop loin dans l’avenir. Il en est au septième mois de son premier mandat de président de l’Union royale des fleuristes de Belgique (URFB). Il s’agit, bien entendu, de Kevin Lennertz, le nouveau visage de l’association professionnelle. Fleur Magazine s’est entretenu avec Kevin Lennertz concernant l’URFB, l’avenir et le fleuriste.
Fonction représentative
Qu’implique précisément la fonction de président de l’URFB ? « Ma tâche principale consiste en la représentation de la profession et la direction générale de l’organisation. Le directeur est responsable de la gestion quotidienne. Il m’en informe au quotidien et j’assure le suivi et le contrôle. Je suis garant de l’URFB. Le président donne un visage et une personnalité à l’association. En tant que président, il est de mon devoir de créer des liens de solidarité. Nous sommes devenus une organisation forte qui s’implique dans la défense des intérêts des fleuristes qu’elle représente ».
L’enthousiaste jeune homme poursuit imperturbablement : « Je souhaite apprendre et gagner en expérience le plus rapidement possible. Le précédent conseil d’administration, aux commandes duquel se trouvait l’actuelle directrice Marijke Walbers, a remodelé les bases fondamentales de l’organisation. Ses dernières années, nous avons travaillé intensément au renforcement de notre image. Il en a résulté une sérieuse remise à neuf. En outre, nous avons mis en place une série d’objectifs pour 2020. De fait, d’ici 2020, nous souhaitons attirer un plus grand nombre de membres, obtenir la reconnaissance au titre d’artisan et élargir les partenariats. Nous avons déjà mené à bien la réforme dans l’enseignement : la septième année qualifiante pour le métier de “fleuriste” reste au programme, alors que les autorités avaient initialement décidé de la supprimer ».
Et qu’en est-il des fleuristes ?
« Avant toute chose, je souhaite que l’URFB récupère sa reconnaissance en tant qu’association professionnelle à part entière. J’entends veiller à ce que les fleuristes aient conscience qu’il existe une organisation sur laquelle ils peuvent compter en cas de besoin. Il y a encore trop de confusion sur ce que l’URFB peut apporter aux fleuristes. Je veux en être quitte d’ici trois ans. Nous sommes notamment plus qu’un simple “bureau d’encaissement”. Nous formons une instance accompagnatrice disponible en permanence qui propose entre autres des formations, des cours et des conférences pour agir sur les besoins du secteur ».
Fleuriste du futur
Quelle est la vision du fraîchement nommé président de l’URFB concernant l’avenir du secteur ? « Le résultat de l’enquête que nous avons réalisée auprès de particuliers à l’occasion de l’événement Fleuramour revêt un caractère double. D’une part, le consommateur souhaite revenir à un magasin de fleurs privilégiant l’expérience florale et d’autre part, il souhaite que les possibilités en ligne se développent. Il faut donc savoir composer. Dans le magasin physique, l’expérience devra être très personnelle. Vous devez avoir une histoire à raconter à vos clients lorsqu’ils visitent votre magasin. Après tout, ils viennent aussi à vous avec leur histoire. Ils viennent chercher des fleurs pour une personne et pour une occasion particulières. Effectivement, si je me déplace au magasin pour aller chercher un bouquet destiné à un événement spécial, je ne veux pas d’un bouquet classique tout fait. Le consommateur a le même raisonnement. Il veut quelque chose de fait sur mesure. Il ou elle doit pouvoir passer du temps dans le magasin et voir le travail qui est réalisé avec les fleurs. Le consommateur s’intéresse à l’histoire qui se cache derrière les fleurs et le matériel. Voilà qui fidélise réellement de manière simple la clientèle. Offrez à nouveau votre espace de travail à la vue des clients. De cette manière, ils sont en mesure de voir combien de temps vous passez sur la conception d’une pièce florale et les techniques que vous utilisez pour leur préparer un magnifique bouquet. Le consommateur y est sensible et aura alors tendance à revenir par la suite dans votre magasin.
Quant à la partie en ligne, il vous faudra proposer un large éventail de produits déjà prêts à la vente. Vous pouvez dès lors préparer ces commandes entre les visites de vos clients. En effet, les commandes en ligne sont garanties. Cependant, la modernisation n’a pas fait que faciliter la tâche du fleuriste. Nombre d’entre eux se reconnaîtront certainement dans l’exemple suivant : plus d’un fleuriste se voit présenter un exemple tiré de Pinterest à la visite d’un client. Tout d’abord, c’est un facteur limitant la créativité, car chaque fleuriste possède sa propre signature et sa propre spécialité. Ensuite, il est loin d’être évident de répliquer à la perfection un bouquet sur la base d’une photo, ce qui laisse parfois le client repartir déçu ».
Lecture dans le marc de café
En ce qui concerne son propre avenir au sein de l’URFB, il ne préfère pas encore se positionner. « C’est encore trop tôt : je veux tout d’abord mener à bien ce mandat. Ensuite, nous verrons bien si j’ai atteint mes objectifs personnels et si la direction est satisfaite de mon travail. À ce stade, la suite est à lire dans le marc de café. Pour le moment, c’est la tempête dans mon esprit et au sein de l’association professionnelle afin de tout remettre en place et de tout recadrer. Je suggère de revenir dans deux ans pour une nouvelle interview (rire), je serai alors en mesure de vous donner une réponse plus précise. »