Elke Verhaeghe, à Gand, est plus florissante que jamais ! Elle a su profiter du confinement pour développer les racines de sa jeune entreprise « Elke maakt fleurig ». L’aventure qui a débuté sur un coin de la table de la cuisine s’est développée pour s’étendre aujourd’hui à la quasi-totalité de la maison, sous l’œil approbateur de son mari.
« Qu’est-ce qui vous a poussée à venir chez moi ? », me demande-t-elle curieuse. « Je n’ai pas de magasin et je ne suis active dans le secteur que depuis peu », explique-t-elle presque en s’excusant. Son compte Instagram et son site web trahissent le fait que nous avons affaire à une créative aux mille possibilités. La créativité et l’optimisme sont, en cette période sombre, plus que jamais les bienvenus, pas vrai ?
Comment avez-vous commencé ?
« Il y a quatre ans, j’ai souffert d’épuisement professionnel. À l’époque, j’étais coordinatrice de marketing dans une entreprise gantoise. Avant cela, j’ai occupé divers postes dans le secteur du marketing et de la communication. Mais en réalité, depuis longtemps déjà, j’avais l’impression que cela ne me correspondait pas vraiment. Ce que j’appréciais surtout, c’était la partie créative du métier. Je suis restée bien trop longtemps dans ces entreprises, sans m’épanouir, parce que j’avais étudié la communication ».
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de mettre le pied à l’étrier ?
« Dans la dernière entreprise où j’ai travaillé, la pression du travail était énorme, mais il n’y avait pas que cela. L’atmosphère y était aussi pesante et j’avais vraiment l’impression de n’être pas moi-même. Je suis restée bien trop longtemps sans réagir, puis je suis tombée malade. Deux mois avant notre mariage, j’ai craqué. Au début, j’étais comme tétanisée. Je ne pouvais plus rien faire. Je voulais m’occuper personnellement de la décoration florale pour notre mariage. Cela m’a demandé énormément d’efforts, mais je suis quand même parvenue à rassembler mes dernières forces et j’y suis arrivée. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic ».
« Un an plus tard, j’ai recommencé à dessiner. Enfant, je dessinais beaucoup. Souvent des fleurs. Le dessin m’apaise. J’ai découvert la joie de peindre à l’aquarelle et je me suis inscrite à un cours. Le dessin m’a aidée dans mon chemin vers la guérison et j’ai continué à le faire. Au fur et à mesure que je me rétablissais, je me suis tournée vers les fleurs. J’ai commencé par suivre des cours d’art floral en ligne, puis je me suis inscrite à l’école de floriculture “Into the wild” d’Elke Vanderper, à Gand ».
Pourquoi une formation florale ?
« Il y a deux ans, je me suis inscrite à une formation de deux mois. J’aime beaucoup le style d’Elke Vanderper. À l’époque, je ne savais pas du tout où cette formation allait me conduire. Je savais seulement que je voulais faire quelque chose avec des aquarelles et des fleurs. Elke m’a amenée à franchir la ligne et m’a donné plus de confiance en moi. Je lui en suis très reconnaissante. Fin 2019, j’ai fait le grand saut ».
Alors que pour beaucoup c’est une année de crise, 2020 a été pour vous une année de succès. Comment évoluez-vous ?
« Tout va bien. La demande en bouquets à base de fleurs fraîches est en hausse depuis le confinement. Je fais des bouquets chaque mois que je vends dans la région de Merelbeke, où j’habite, et d’Alost, d’où je viens. À Alost, je travaille avec un point de collecte. Griet Van Dorpe possède une boutique de confection sur mesure et réalise, entre autres, des robes de mariée. Le lien avec ses tenues nuptiales et mes fleurs est chouette. De plus, je savais qu’à Alost, personne ne travaillait comme moi. Cette année, je veux renforcer ma visibilité ici à Merelbeke. Comme je n’ai pas de magasin, une enseigne métallique rétro portant mon logo et un joli lettrage va être apposée sur la façade ».
Vous savez comment mettre des mots sur les choses. Vos compétences en communication sont un atout certain, pas vrai ?
« C’est probablement l’une de mes forces. J’avais l’habitude de le faire pour d’autres entreprises et maintenant je le fais pour la mienne. Comme je n’ai pas de magasin, je travaille à la demande. Le travail de groupe, ce n’est pas mon truc, mais il fait partie du travail. J’essaie, dans la mesure du possible, d’acheter les fleurs sur le marché local, en Belgique et aux Pays-Bas. En été, je travaille avec des fleurs que j’achète auprès de Fleur Couleur, à Landegem, et chez le grossiste De Rijcke, à Wetteren. J’imagine quelque chose de nouveau chaque mois et je brode toute une histoire autour de cette idée. Cela vient bien entendu de mon passé dans le marketing. Le mois prochain, comme la neige m’a inspirée, je vais faire un bouquet de neige. Je vais communiquer sur cette idée en ligne et je vais vous donner un petit aperçu de ce que vous pouvez attendre. Le bouquet de neige se déclinera dans les tons “blush & cream”, c’est-à-dire des tons doux, majoritairement blancs. C’est ce que j’aime faire. C’est ma façon de travailler. J’essaie ainsi de me distinguer en créant quelque chose d’unique à chaque fois ».
Les histoires et les thèmes, c’est ce qui plaît à la clientèle, non ?
J’ai une imagination débordante. Quand je travaillais dans le marketing, c’était mon point fort. Avec chaque produit que je propose, je pense à quelque chose de plus. Je pense, par exemple, au bon vase pour un bouquet de fleurs séchées en me basant sur une photo de l’intérieur du client. J’adore travailler en partant du choix du vase jusqu’aux fleurs à y mettre. Le caractère personnel et le travail sur mesure, c’est quelque chose qui me séduit vraiment ».
Elke crée aussi bien des arrangements floraux sur mesure que des concepts originaux, ainsi qu’une cartothèque avec des impressions personnalisées.
« Le “concept” sur Instagram, unique en son genre, est très populaire. Les réactions sont très positives. Tous les trois mois, je fais une offre unique de pièces uniques. Pour la première édition du concept, j’ai collaboré avec Kiki Keramiek, une collègue artiste qui crée ses propres céramiques. Elle a créé pour moi des vases assortis à mon style et mes couleurs. L’événement est annoncé préalablement en mentionnant la date et l’heure de la vente. Saviez-vous que certaines personnes règlent leur réveil afin de ne pas manquer la vente ? Tous les trois mois, je réinterptère le concept, ce qui aboutit à une nouvelle collaboration. Pour la prochaine édition, je vais collaborer avec The Collect Club. Ils parcourent les brocantes à la recherche de vases rares ».
Elke a constaté qu’il faut s’attendre à un véritable baby–boom. Ses cartes de naissance personnalisées connaissant un succès croissant.
« Pour moi, dessiner est un véritable plaisir. Je trouve cela relaxant et quand je dessine, je n’ai vraiment pas l’impression de travailler. Mes dessins sont toujours liés aux fleurs : un zèbre avec une guirlande de fleurs autour de la tête, un champ de fleurs, une carte botanique avec des végétaux, etc. Outre les cartes, je réalise aussi des peintures sur mesure, notamment pour les chambres d’enfants. Les fleurs sont le fil conducteur de toutes mes créations. Je nourris toujours l’idée d’organiser des ateliers. Il y a beaucoup d’enseignants dans ma famille. Cela me sera utile lorsque je commencerai à donner des ateliers », conclut Elke.
Nom : Elke Verhaeghe
Âge : 31 ans
Hobbies : Dessin
Inspiration : Jardins anglais
Fleur préférée : Renoncule
« C’est une fleur fragile et polyvalente, aux couleurs magnifiques et distinctives. La renoncule est facile à sécher en bouquet. Cette fleur se rapproche le plus de ma personnalité ».
>> www.elkemaaktfleurig.wordpress.com
Texte : Ingrid Allaerts
Photos : Elke Verhaeghe